L’installation au Sénégal des Cellules Régionales sur le Salaire Décent

Par Barra Ndour, manager du site VotreSalaire.org/Sénégal, sécrétaire UDTS

C’est en 2012 qu’a démarré le Projet Salaire Décent en Afrique Francophone dans sa 1-ère phase de Collecte des Conventions Collectives Nationales qui, du reste, est un processus qui continue encore (à ce jour-ci on a envoyé 23 Conventions, 01 Convention Collective Interprofessionnelle, des Annexes de classification et des Protocoles). La 2ème phase, qui a été étalée en 2013, a consisté en l’organisation de 10 débats à travers les régions du Sénégal, couronnée par la création de Cellules WageIndicator sur le Salaire décent. Comment avons- nous procédé ?

Le Choix des Pilotes du Projet

Le choix des 10 Capitales régionales sur les 14 que compte le pays est lié à plusieurs raisons: l’importance économique et politico-administratives des villes, la présence de nos relais syndicaux, les moyens financiers et logistiques disponibles; aussi ce sont Dakar, Diourbel, Louga, Thiès, Richard-Toll, Tambacounda, Kaolack, Fatick, Kolda et Ziguinchor qui ont été retenus.

Ce sont nos responsables syndicaux UDTS des localités retenues, connus pour leur engagement, leur sens des responsabilités et leur prégnance sur le milieu qui ont d’abord été choisis comme relais ou points focaux, pour ensuite être bien informés et sensibilisés sur le Projet. Ils ont donc piloté le travail préparatoire (identification des participants-date-lieu-invitations, etc.) tout en maintenant une correspondance régulière avec la Coordination pour procéder aux éclaircissements et réajustements nécessaires durant ces préparatifs.

L’équipe de Coordination nationale (le Coordinateur, le Chargé des Questions juridiques, le Chargé des relations avec les media) sont descendus sur les lieux durant la tenue des débats pour jouer un rôle d’encadrement et supervision, leur séjour variant avec l’éloignement des localités. Il y a le cas unique de Kolda où, du fait qu’on n’avait pas sur place un responsable propre, c’est une militante d’un syndicat non affilié à l’UDTS qui a été notre point focal, le choix étant motivé par sa notoriété, son sérieux et des liens familiaux avec une membre de la Coordination du Projet.

Le format retenu a été d’inviter en majorité des travailleurs pour l’essentiel salariés dont les professions sont les plus diversifiées que possible, qui ne sont pas tous nécessairement syndiqués, et encore moins ils ne sont pas exclusivement de l’UDTS,  des représentants de l’Administration (du Travail – des Collectivités locales) ainsi que des Employeurs ou leurs représentants.

Les participants répondent au questionnaire du rapport (Check décent), comptabilisent le nombre de réponses  pour apprécier les  conditions de rémunération réellement vécue, et finalement instaurent un débat par un tour de table.

Dans certaines grandes villes, l’Administration du Travail a envoyé des représentants de haut niveau qui ont souvent joué le rôle de modérateur (cf à Louga, Kaolack et Thiès avec à chaque fois l’Inspecteur Régional du Travail et de la Sécurité Sociale lui-même).

La Tournure des Débats

Au sortir des débats des cas concrets, pénibles et donc urgents nous ont été soumis par les participants (problèmes de rémunération ou de non respects des obligations contractuelles) et auxquels on a apporté des réponses, en adoptant un dispositif de suivi avec les intéressés, les responsables syndicaux et les Représentants de l’Inspection du travail.

Pour d’autres problèmes de formation syndicale, de respect des libertés syndicales, de révision de conventions obsolètes, de promotion de la protection sociale surtout pour les travailleuses(rs) de l’économie informelle etc, exigeant plus de réflexion, on a décidé de les inscrire dans la durée pour leur trouver des solutions (planification).

La tournure des débats a montré aussi, de façon générale, un grand déficit de connaissances des textes et des procédures par les travailleurs pour exiger leurs droits, mais aussi respecter leurs devoirs!

La problématique de la rémunération occupant une place centrale autour de laquelle tournent toutes les préoccupations des travailleurs, et le format du débat ayant été original par son aspect non sectaire, très participatif, instructif et motivant, cela a été partout une forte recommandation au sortir des débats de constituer des Cellules  sur le Salaire et qui transcendent les clivages; à ce propos, c’est à Kolda où sur le champ, la Cellule a été officiellement créée avec un bureau provisoire.

La phase de Campagne sur le Respect du Salaire minimum au Sénégal a été une nouvelle et première expérience pour ces Cellules régionales afin de démarrer leur dynamique d’autonomisation de prise en charge des questions de salaire, bien sûr de façon concertée avec la Coordination nationale du Projet. Ce sont des structures qui ont subi de légères modifications dans leurs composantes (sorties et nouvelles entrées mais avec toujours le noyau dur de départ) et dans lesquelles les partenaires (Inspection du Travail et Employeurs) s’impliquent de plus en plus.

En définitive, le défi est dans la pérennisation des Cellules: diversification des composantes professionnelles, structuration et élargissement avec des Cellules au niveau des entités départementales et locales des régions, planification des activités, financement des activités, suivi et évaluation.

Il faut noter aussi que si le recrutisme syndical UDTS  n’est pas notre priorité, il n’en demeure pas moins que l’attractivité de l’UDTS  s’est fortement améliorée. A ce niveau,  la valeur ajoutée est que c’est sans propagande que de potentiels nouveaux militants nous ont exprimé leur désir de s’engager, certains ayant déjà franchi le pas! 

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